Parce que les biochimistes sont des geeks comme les autres, il arrive qu’une protéine tire son nom d’un objet de culture populaire. Aujourd’hui nous allons donc vous présenter trois protéines nommées en hommage à Star Wars. Malheureusement la littérature scientifique à leur sujet ne fournit nulle explication sur l’origine de leur nom. Cependant on peut dire que, chacune à leur manière, elles assurent la défense de nos cellules contre les attaques du côté obscur.
- Découverte il y a une vingtaine d’année, la protéine YodA protège les bactéries face au cadmium. Ce métal lourd n’assure aucune fonction biologique dans les organismes vivant, mais peut s’avérer extrêmement toxique pour ceux-ci. Il peut en effet se substituer aux atomes de zinc contenus dans certaines enzymes et notamment les protéines à doigts de zinc (du nom du petit motif structural contenant en son centre des ions Zn2+) qui sont impliquées dans la production d’ADN et d’ARN. YodA sera donc exprimée dans les cellules bactériennes en cas d’intoxication au cadmium, et sa structure de type lipocaline (déjà rencontrée chez le cafard et dans les protéines de l’olfaction) va lui permettre de fixer les atomes métalliques nocifs en vu d’une exfiltration express hors du cytoplasme.
- Skywalker quant à elle est une protéine de la drosophile (mais qui possède un équivalent humain répondant au doux nom de TBC1D24) active dans le système neuronal, au niveau des synapses. Elle est impliquée dans la régulation du traffic de vésicules dans la cellule, et notamment leur recyclage ou leur dégradation après usage. Chez l’humain, un défaut de fonctionnement de Skywalker peut être à l’origine de problème neurologiques tels que l’épilepsie.

Image rare de Skywalker (pdb 5hjn et 6r82) en train de s’entraîner auprès de YodA (pdb 1oej)
- La dernière protéine a maitriser la force est un peu plus mystérieuse puisque sa structure n’a pas encore été résolue et qu’elle porte le nom plus vague de Jedi-1. Cette protéine est impliquée dans le processus d’engouffrement (engulfment), lorsque des cellules de type phagocyte (littéralement des cellules mangeuses donc) vont se faire un gueuleton à base de cellules mortes. Ce processus de nettoyage est essentiel au bon fonctionnement de l’organisme, car ces cellules mortes portent souvent à leur surface des protéines antigéniques susceptible d’initier une réaction immunitaire de l’organisme, et un ménage mal fait entraîne des risques ultérieurs de maladie autoimmune. Placée à la surface des phagocytes, Jedi-1 a pour mission de percevoir les signaux de type Mange-moi ou Lâche-moi émis par les différentes cellules (selon qu’elles sont mortes ou en bonne santé) et d’aider à déterminer qui finira en plat du jour pour les phagocytes. On peut donc dire qu’à sa sa façon, elle aussi aide notre organisme à ne pas sombrer du côté obscur.