Homer Simpson sous la douche
Que l’eau de la douche soit trop chaude ou trop froide, vos récepteurs TRP vous aideront à la régler à la bonne température.

On a déjà parlé sur ce blog de la capsaïcine, cette molécule présente dans les piments et qui présente un grand intérêt médical. Si la capsaïcine provoque une sensation de brulure lorsque nous consommons un plat épicé, c’est que le récepteur protéique sur lequel elle se fixe nous sert également de capteur de température. TRPV1, c’est son petit nom, a été découvert à la fin des années 90, dans l’équipe de recherche de David Julius à San Francisco. Ce récepteur, qui est inséré dans la membrane des neurones, s’active lors qu’il est exposé à de fortes chaleurs (au delà de 40°C), ce qui va entraîner une sensation douloureuse qui avertira notre organisme d’un danger potentiel, et ce qui explique aussi pourquoi la consommation de nourriture épicée est associée à une sensation de chaleur.

Dans les décennies qui ont suivi la découverte de TRPV1, les scientifiques ont mis à jour toute une gamme de récepteurs thermiques, chacun avec sa propre température d’activation. Cet attirail protéique nous permet de capter des variations de température au niveau de la peau avec un précision de l’ordre de 1°C (c’est pourquoi parfois une simple main posée sur le front permet de repérer un état fiévreux). Toutes ces protéines appartiennent à une grande famille de canaux ioniques, les TRP, dont on connait un cinquantaine de membres (donc 25 chez l’humain) et qui nous permettent de percevoir notre environnement. Les TRP peuvent être activés via des changement de température donc, mais des changements mécaniques (un peu comme les récepteurs piezo) ou des molécules odorantes.

Ainsi, parmi les six thermorécepteurs connus chez les mammifères, TRPM8 possède la particularité d’être activé lors que la température descend en dessous de 26°C, ce qui provoque alors une sensation de froid. Mais il se trouve que TRPM8 est également activé par la petite molécule de menthol, et celle d’eucalyptol, et voilà donc l’origine du fameux effet rafraichissant des bonbons à la menthe ou de votre chewing-gum favori. Votre haleine fraîche est en fait à température ambiante !

Deux exemples de thermorécepteurs vus du dessus et de côté. À gauche, TRPV1 (pdb 7lqy) est activé par les fortes températures et la capsaïcine, tandis qu’à droite, TRPM8 (6o6a) est activé aux basses températures et par le menthol.

Actuellement la recherche médicale autour des TRP bat son plein, car de nombreuses pathologies peuvent être associées à un défaut de fonctionnement de ces protéines. Et en 2021, le Prix Nobel de Médecine a été attribué à David Julius pour ses découvertes des thermo-récepteurs (conjointement avec Ardem Patapoutian pour son travail sur les méchano-récepteurs)

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