Chaque année, quand reviennent l’hiver et son flot de microbes, les virus sont de retour pour nous jouer un mauvais tour semer la terreur et la désolation dans nos foyers. Partout ce ne sont plus que nez qui coulent, gorges qui grattent et estomacs barbouillés, tandis qu’un cri s’élève :

Mais pourquoi tant de glaires !

Parfois, à l’approche des fêtes, entre deux mouchoirs et une tasse de tisane, on se prend à rêver d’un monde en paix, un monde où, touchés par l’esprit de Noël, les virus auraient soudainement décrété une trêve hivernale… en vain.

Mais si nous subissons constamment les assauts de ces envahisseurs microscopiques, c’est qu’eux-mêmes n’ont pas d’autre choix pour croître et se multiplier que de nous infecter. Il manque en effet aux virus un outil indispensable pour se reproduire et qu’ils viennent donc nous emprunter sans vergogne à chaque fois qu’ils squattent nos cellules : La machinerie protéique.

La quoi ?

Vous avez déjà entendu parler de l’ADN (de son vrai nom Acide Désoxyribonucléique), cette formidable molécule qui stocke le code génétique contenant toutes les informations nécessaires à la fabrication et au bon fonctionnement d’un être vivant. Logé au cœur de nos cellules, l’ADN c’est un peu comme une grande bibliothèque de la vie, avec ses rayonnages pleins à craquer de livres et qui monteraient jusqu’au plafond. Mais ces livres, il faut bien que de temps à autre quelqu’un les ouvre, les lise, les recopie et parfois les répare. Ces livres, ils ne serviraient pas à grand-chose si jamais personne ne venait diffuser les connaissances et savoirs-faire qu’ils contiennent hors de la bibliothèque et dans le vaste monde cellulaire.

Toutes ces tâches, ce sont les protéines qui les accomplissent. Une infatigable armée de bibliothécaires, d’archivistes, de traducteurs, d’ingénieurs ou autres, qui permet à la cellule de respirer, de fabriquer de l’énergie, de croître et de se reproduire. Bref, tout simplement de vivre.

Et les virus alors ?

Et bien les virus possèdent également leur petite bibliothèque personnelle en ADN (ou ARN). Mais leur gros souci, c’est qu’ils sont complètement analphabètes, et qu’ils ne peuvent donc rien en tirer !

Alors plutôt que de cocher la case patience et cours du soir, ils ont développé une stratégie de type piraterie. Sitôt après avoir pénétré dans une cellule, un virus va prendre en otage les bibliothécaires, traducteurs et ingénieurs de son hôte, et les forcer à recopier en masse l’ADN (ou l’ARN) viral. Une fois celui-ci soigneusement emballé (dans des enveloppes également formées de protéines et aussi fabriquées par nos pauvres otages), les multiples copies de la bibliothèque virale vont finir par quitter la cellule infectée et démarrer à leur tour une vie de flibuste à l’image de leur glorieux ancêtre. Souvenez-vous en lors de votre prochain rhume, le combat des virus contre notre espèce n’a rien de personnel, ils en veulent simplement à nos protéines.

Sur ce blog, nous allons donc vous emmener à la rencontre de ce petit peuple de la cellule, celui que tout le monde viral nous envie et sans lequel la grande bibliothèque de l’ADN ne serait d’aucune utilité aux êtres vivants.

Bienvenue chez les protéines !

Zika

Reconnaître un virus, leçon n°1.

Cette image représente :

(a) Le ballon officiel de la coupe du monde de football des étoiles de mer

(b) Une orange oubliée trop longtemps au fond d’un placard avec des moisissures bizarres dessus

(c) L’enveloppe du virus Zika, formée d’un assemblage de 360 protéines

(d) La réponse d.

(image de David Goodsell pour la RSCB-PDB)