En avril 2020, la Haute Autorité de Santé (HAS) a délivré un cahier des charges pour évaluer la fiabilité des tests sérologiques servant à diagnostiquer la Covid-19.

Ceux-ci doivent présenter une sensibilité minimum de 90% et une spécificité d’au moins 98%, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement ?

La sensibilité, c’est la capacité d’un test à identifier comme tels les porteurs d’anticorps contre le SARS-CoV-2, c’est à dire les gens qui ont été effectivement infectés pas le virus. Si la sensibilité du test est de 90%, cela signifie que pour 100 personnes infectées testées, le test sera positif pour 90 d’entre elles (les vrais positifs), et négatif (à tort) pour les 10 restantes (les faux négatifs). Les faux négatifs sont donc des personnes qui pourraient se croire vulnérables à la maladie alors qu’elles sont en fait immunisées.

La spécificité, c’est la capacité du test à identifier comme telles les personnes qui ne portent pas d’anticorps contre le virus. Avec 98% de spécificité, pour 100 personnes non infectées par le virus, 98 seront auront un test négatif et correct (les vrais négatifs) et 2 auront un test positif et incorrect (les faux positifs). Les faux positifs sont donc susceptibles de croire, à tort, qu’ils sont immunisés contre le virus.

98% de spécificité c’est énorme !

Pourquoi on ne se satisfait pas de moins comme pour la sensibilité ?

Dans le cas d’une population encore peu exposée au virus (en France on estime que seulement 5% de la population a été infectée), il est essentiel que les tests sérologiques présentent une spécificité très proche de 100%. Prenons un groupe de 10 000 personnes dont 5% (soit 500 personnes) sont immunisées, et soumis à un test sérologique avec 95% de sensibilité et de spécificité :

  • 95% des 500 personnes immunisées seront positives, soit 475 vrais positifs
  • 5% des 500 personnes immunisées seront négatives, soit 25 faux négatifs
  • 95% des 9500 personnes non immunisées seront négatives, soit 9025 vrais négatifs
  • 5% des 9500 personnes non immunisées seront positives, soit 475 faux positifs

Ce qui signifie qu’au final, on a autant de faux positifs que de vrais positifs, et la moitié des personnes positives sur ce test pensent à tort qu’elles sont potentiellement protégées. C’est pourquoi il est essentiel que les performances des tests en terme de spécificité soient très élevées, ce qui explique le critère de 98% exigé par la HAS.